Tuesday, February 8, 2011

Révolution Tunisienne : Une lecture personnelle !



Dans quelques jours on fêtera le premier mois de la Tunisie libre, après un combat héroïque mené par la jeunesse tunisienne sans aucun leadership ni coordination interne ou externe. A ma connaissance, une première mondiale, un événement historique unique.

Ben Ali se croyait protégé, en muselant l’opposition et la société civile et en créant un paysage truqué aves des milliers d’organisations non gouvernementales et des faux partis, en utilisant la crainte des occidentaux du fondamentalisme et en créant une force de police énorme et sophistiquée pour le maintenir en place.

Mais il ne s’est pas arrêté la, car il est vicieux. Il a hérité du plan de développement économique et social mis en place et conçu par feu Hedi Nouira dans les années 70 et l’a modifié pour accélérer le développement d’une classe moyenne basé sur le surendettement et améliorer les indicateurs économiques et sociaux a un certain degré en se concentrant sur les grandes villes côtières surpeuplées tout en privatisant et donner une grande partie du patrimoine économique a sa famille et lui-même et semer les fruits d'une société de consommation qu'il a encouragé par le surendettement. La classe moyenne est la sur le papier, car on sait tous qu’ils arrivaient a peine à joindre les fins de mois, que rares sont qui avaient un carnet d’épargne et dieu seul sait a quelle point la créativité du tunisien s’est développé pour vivre avec tant de dettes, c’est un mystère pour moi :-) , mais ils étaient fiers de leurs appartement et voiture « populaire » et en même temps frustrés par le manque de possibilités d’améliorer leur niveau de vie et ceux de leurs enfants tout en étant incapables de s’exprimer de peur de perdre le peu qu’ils avaient. La police veille, et personne n’a envie d’avoir un dossier au ministère de l’intérieur.

En même temps, et toujours pour améliorer ces indicateurs économiques, et vu la démographie du pays qui avait une pyramide d’âge très large a la base, on lui a conseillé d’augmenter le nombre de diplômés d’université partout dans le pays sans aucun plan de développement régional pour les absorber, car tout les soucis étaient les indicateurs économiques pour attirer les investisseurs, empocher une commission ou s’associer avec les membres de la famille mafieuse, et c’est la qu’il a commencé creuser sa propre tombe.

La base de la pyramide d’âge commence à s’élargir pour les 20-35 ans (voir ici ) et cela dans toutes les régions et avec l’économie pillée par sa famille, la classe moyenne sans aucune épargne ou chance de créer des petites entreprises, maillon important pour la création d’emploi, une absence d’investissement équitable par région, recettes principales pour un soulèvement populaire surtout dans les régions non développées avec des chômeurs éduqués sans travail pendant des années.

Installé dans le confort de son palais avec sa famille possédant les grandes entreprises du pays, une opposition qui ne peut même pas trouver une salle pour organiser un évènement, une population qui essaye de survivre avec les prix du carburant et matières premières contrôlés par le marché mondial dans un contexte de globalisation et crise économique, une agence de communication externe qui n’arrête pas de parler du miracle Tunisie, un occident qui fait de lui un exemple de rempart contre le fondamentalisme et le terrorisme religieux et qui jouent le jeu de la famille pour se « protéger ». Une police omniprésente et un paysage politique vide, il s’arrête de s’inquiéter et sa famille passe à la vitesse supérieure, concessionnaires auto, compagnie aériennes, chaines de distribution alimentaire, radios, télévisions, medias, hôtels, télécom…Etc. Ils ne se cachent plus, ils commencent à devenir des figures publiques. Maire, membre de la comite politique du RCD, parlementaires, figures publics sans aucun souci. Les Tunisiens enregistrent, chuchotent et des signes annonciateurs commencent à être visible comme le soulèvement de Redeyef et autres et surtout la couverture de ces événements normalement étouffés par des jeunes qui commencent a diffuser des vidéos et des infos et même des opinions sur facebook, blogs et twitter. Rien d’inquiétant pour le dictateur qui censure les pages et sites qui en font trop mais ne s’inquiète pas. Aucune figure d’opposition n’est visible et les medias et gouvernements étrangers ne se permettent a critiquer leur rempart. Et pour ceux qui s’aventurent un peu, ils ont la réponse classique « la Tunisie est un pays souverain qui n’a pas de leçon à prendre de quiconque. Anciens reflexes colonialistes…etc ».

Et puis tout à coup et pendant que les tunisiens bon vivants des grandes villes se préparent pour le réveillon et se débrouillent pour trouver comment s’offrir une soirée dans un hôtel, restaurent ou même une soirée en famille. Voila que Mohamed Bouazizi paix à son âme, décide qu’il n’en peut plus et que sa dignité est plus importante que sa vie et fait ce qu’il a fait. L’événement était la goutte qui a fait déborder le vase pour les habitants de Sidi Bouzid.

Aucune personne sur place ne pourrait être indifférente, et avec la frustration et la situation des jeunes de cette ville qui se sont identifiés a ce héros, l’effet de domino commence. Manifestations accueillies par la violence de la police de Ben Ali, plus de victimes, plus de désespérances mais cette fois avec videos et compte rendus sur facebook, images des blessés et morts, la machine policière et médiatique se met en place, les medias ne parlent que des statistiques et investissements dans le centre ouest sans évoquer les raisons de cette couverture. Ammar se met à censurer les blogs et les pages facebook et twitter. Les jeunes du gouvernorat de Sidi Bouzid sont dans la rue dans toutes les villes et villages, la police réponds plus violement, c’est hors contrôle et ca devient contagieux, tout le monde est au courant avec des rumeurs qui circulent et les médias commencent à en parler en minimisant l'évènement et en l'attribuant a des casseurs, ce qui révolte encore plus les jeunes qui maintenant s’identifient a Bouazizi et ces jeunes qui veulent un avenir meilleurs. Même la classe moyenne muselée commence à prendre son courage a deux mains et commencent a exprimer cette frustration et peur encouragé par ces jeunes qui n’ont peur de rien. Un reflexe national que rien ne va arrêter, les gens commencent à sortir partout dans les villes et affronter le régime face a face sans peur ni crainte. Le système mis en place par Ben Ali, n’arrive plus a gérer et la panique commence a être perçu par cette jeunesse éduquée et intelligente et ils le poussent encore plus jusqu'à la première apparition du dictateur tant craint, mais il est la faible, ne fait même plus peur avec un téléphone qui sonne et des menaces qui au lieu de faire peur, font rire tout le monde. Jamais Ben Ali, n’était aussi vulnérable et tout les tunisiens l’ont compris et ont poussé plus loin jusqu’au 14 Janvier ou le peuple a eu ce qu’il a voulu. Une réaction spontanée mais évidente vu l’histoire de la Tunisie. Une révolution populaire sans leader et sans intervention extérieure dans le pays ou personne ne l’attendait.

La première étape de la révolution est passée, Ben Ali est parti et est maintenant sous le coup d’un mandat d’arrêt, mais le vide politique persiste et les règles du jeu de la vie démocratique nous sont encore peu connues et tout le monde cherche la fin qu’il souhaite. La classe moyenne veut reprendre une vie normale et un gouvernement qu’ils veulent y croire et ceux qui étaient dans le désespoir n’ont plus confiance en personne et ceux qui étaient au pouvoir essaient de garder un tant soit peu et ceux qui étaient au bord veulent devenir les sauveurs de la nation et ceux qui étaient opposants opprimés ne savent plus quoi faire dans cette Tunisie sans dictateur pour s’y opposer et ceux qui étaient méchants veulent devenir gentils et ceux qui étaient des moutons veulent devenir des lions intransigeants et ceux qui tiraient les ficelles dans le noir on les voit toujours pas et ceux qui avaient un pseudo parlent en leur propre nom et ceux qui s’exprimaient en leur propres noms le font avec un pseudo. Personne ne semble digne de confiance et personne ne semble avoir la majorité des voix. Beaucoup cherchent le retour à la vie normale et beaucoup veulent continuer à vivre cette révolution. Mais moi, personnellement je ne m’inquiète pas, je trouve ce qui se passe un peu logique vu notre histoire récente. Il faut juste s’auto éduquer, apprendre a respecter et apprendre à être libre car on ne l’a jamais été et je suis certain qu’on le fera et qu’on comblera le vide et que des pensées libres riches et différentes verront le jour et j’espère que ce ne sera pas attachée a des personnes et qu’on n’oublie nos reflexes de vénérer les personnes les représentant maintenant que nous avons appris nos leçons.

3 comments:

  1. Bon à part le dernier paragraphe cette "lecture personnelle" semble être objective et surtout équilibrée donc il est difficile de critiquer quoique ce soit. T'aurais dû publier l'article précédent après celui-ci :)
    Il est tjs amusant de lire tes posts #Mouch_9offa
    Et si tu remettais l'ancien template avec surtout le tramway de San Francisco :)))

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  2. Bravo, thank you for a brilliant summary of what we've been living through here in Tunisia. ( I've been here since 2001) please do an english version of your blog for all of us not-so-fluent in french...:))

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  3. Bonsoir
    "apprendre à être libre", une belle expression qui résume bien la 2em phase de la révolution, je rajoute une 3em phase celle d'apprendre à préserver sa liberté car le combat démocratique est un combat de tout les jours.

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